Pendant des mois, les opposants à toute réforme des retraites ont déclaré que notre système de retraite n’était pas en déficit. Contre toute réalité des chiffres. Notre régime sera déficitaire au cours des vingt-cinq prochaines années, quelles que soient les conventions et hypothèses retenues. Les déficits cumulés à partir de 2022 atteindraient en 2050 entre 11 % et 16 % du PIB selon les scénarii, soit entre 665 et 903 milliards d’euros, d’après les chiffres du Conseil d’orientation des retraites (COR) qui s’appuie sur les projections démographiques de l’INSEE, les chiffres de la DREES et de la DARES.
Si une réforme des retraites est une nécessité pour équilibrer le système et garantir sa pérennité financière, cela s’explique bien sûr par la démographie. Alors que la France comptait 4 actifs pour 1 retraité au début des années 1970, le ratio est tombé à 2 actifs pour 1 retraité en 2002 et il sera de moins de 1,5 cotisant pour 1 retraité à l’horizon 2040, selon l’INSEE.
Cette trajectoire s’explique par l’augmentation de l’espérance de vie, grâce notamment aux progrès de la médecine : entre 1980 et 2021, l’espérance de vie à la naissance est passée de 78,4 ans à 85,5 ans (pour les femmes) et de 70,2 ans à 79,4 ans (pour les hommes). Certains ont pu expliquer que si l’espérance de vie augmentait, ce n’était pas le cas pour l’espérance de vie en bonne santé. C’est faux. En se fondant sur l’âge de 65 ans, l’espérance de vie sans incapacité ou espérance de vie en bonne santé est en hausse depuis 2008 pour les femmes comme pour les hommes selon la DRESS (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). En 2021, les hommes âgés de 65 ans peuvent espérer vivre 11,3 ans sans incapacité et les femmes 12,6 ans. L’indicateur de l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a progressé depuis 2008 : + 2 ans et 7 mois pour les femmes et + 2 ans et 8 mois pour les hommes.
Au-delà du déficit conjoncturel de notre système de retraite, le régime est structurellement déficitaire comme l’a démontré François Bayrou, le Haut commissaire au Plan. En effet, l’État verse chaque année une subvention de 30 à 40 milliards d’euros au régime de retraite, en plus des cotisations dont il s’acquitte en tant qu’employeur mais aussi pour assurer des politiques de solidarité ou compenser des exonérations de cotisations générales et ciblées pour baisser le coût du travail, notamment sur les salaires les plus modestes.
Sources :
Rapport du COR 2022
Note du Haut Commissariat au Plan – décembre 2022